De l’origine des Prières Chrétiennes
Sanctus
Le Sanctus est le cantique de la liturgie céleste (Ap 4,8). La première partie de ce chant vient du prophète Isaïe (Es 6,3), qui a entendu les Séraphins le chanter devant le Seigneur, Sabaoth, c’est-à-dire Seigneur des armées célestes, qui exécutent ses ordres pour gouverner l’univers. La deuxième partie vient de l’acclamation des rameaux (Mt 21:9). Le Sanctus se trouve dans toutes les liturgies orientales et latines. Il a été introduit dans la messe dès le IIe siècle, et sa forme n’a pratiquement pas changé. Dans la messe de l’Église romaine, le Sanctus est introduit par la Préface de la Prière eucharistique, à la fin de laquelle le prêtre célébrant invite les fidèles à participer à cette acclamation, en précisant sa raison, comme, par exemple, dans le Préface des Apôtres.
Kyrie
Le Kyrie eleison fait partie de la Préparation pénitentielle de l’Eucharistie (mot signifiant « action de grâce ») et de la Messe. C’est une prière de supplication par excellence des anawims, les pauvres de Dieu et de tous les malheureux, aveugles, lépreux, mendiants, misérables, de l’homme atteint de quelque infirmité : on la trouve dans Isaïe et dans Baruch. « C’est une formule de prière qui, dans sa brièveté, renferme l’aveu implicite de toutes nos misères, et la confiance en le Dieu tourmenté par la soif dans le désert » (Martigny). Il rappelle la repentance de David dans le psaume 51 (50), la prière du publicain dans le Temple de Dieu ou des dix lépreux Luc 17:13 de l’Évangile, les aveugles de Jéricho (Matthieu 20:30) ou encore de la femme cananéenne Matthieu 15:22 , etc. : Seigneur, prends pitié, ô Christ, prends pitié. On la retrouve aussi dans la Prière de Jésus des orthodoxes, dite continuellement. Après s’être reconnu pécheur, le chrétien purifié par le repentir et la conscience de son état de pécheur peut alors suivre l’ensemble de la Messe, de la Célébration, écouter la Parole de Dieu, et s’avancer vers Dieu et communier, car après le Kyrie les péchés véniels des fidèles sont remis purification du lépreux, guérison du publicain. En effet le Christ affirme que le péché n’est pas lavé par une ablution, pratiquée dans d’autres religions, mais par la prière du cœur : Le sacrifice à Dieu, c’est un esprit brisé Psaume 51.
Agnus Dei
Chez les catholiques de rite romain – pas ceux de rite ambrosien -, cette acclamation est récitée au cours de la messe juste avant la communion sauf le vendredi saint et le samedi saint. Plus précisément, il s’agit du chant qui accompagne la fraction du pain auparavant consacré. Son origine se trouve dans l’Évangile selon Jean. C’est une citation de Jean le Baptiste : « … il vit Jésus venant à lui, et il dit :
Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » Jn 1,29. Dans la messe, l’hymne Gloria in excelsis Deo aussi emploie ce terme. Pour les chrétiens, Jésus-Christ est « l’agneau de Dieu » sacrifié lors de la crucifixion et qui enlève les péchés du monde par sa mort et sa résurrection.
Gloire à Dieu
Chant de louange à la Sainte Trinité énumérant les qualités des trois personnes divines, le Gloria in excelsis est une hymne dont les premières paroles reprennent le chant des anges à Bethléem Évangile selon saint Luc 2, 13-14 – d’où son nom d’ « hymne angélique » – avec une légère variation sur « au plus haut » : la Vulgate emploie le terme altissimis – sens physique ou géographique – et non excelsis (suprême) comme le fait le Gloria. C’était à l’origine une prière des laudes1, composée en grec dans l’Église d’Orient où une version plus tardive du VIème siècle est encore en usage. La version latine reprend le texte grec d’origine, en ajoutant « Tu solus altissimus » et « Cum sancto Spiritus ».
Le texte grec était plus long, et continuait par « je te louerai chaque jour, et glorifierai ton nom à jamais », suivi d’une dizaine de versets tirés des Psaumes, avant de s’achever par le Trisagion qui a donné le texte du Sanctus et la doxologie finale.
Auprès de l’Église en Occident, le Gloria fut introduit dans la messe de la nuit de Noël au IIe siècle par le pape Télesphore, ou au début du VIe. Comme la liturgie en Occident resta en grec durant les premiers trois siècles, dans le premier cas, l’hymne Gloria demeurait en grec. La version latine ne remonte donc qu’au ive siècle ou plus tard. Au Moyen Âge, l’hymne était singulièrement réservé au pape puis aux évêques. Ensuite, à partir du XIIème siècle, son emploi est généralisé à tous les prêtres pour tous les dimanches et fêtes, à l’exception des dimanches de l’Avent et du Carême.
Te Deum
Le Te Deum est un hymne latin chrétien. Dans les manuscrits anciens, on lui donne aussi parfois les titres de laus angelica (louange angélique), hymnus in die dominica (hymne pour le dimanche), ou hymnus ambrosianus (hymne ambrosienne), par allusion à l’un de ses auteurs présumés, Ambroise de Milan. Cet hymne en prose ou in directum en latin, de structure archaïque, date probablement de la fin du IVème siècle ou du début du Ve siècle. Il est chanté à l’office monastique et romain des matines (vigiles ou office des lectures selon les appellations) ou des laudes (des dimanches et de certains jours de fête). En dehors de la liturgie des heures, le Te Deum est chanté à l’occasion de services solennels d’action de grâce (victoires, fêtes nationales, naissances princières, saluts, processions etc.) et dans toutes les circonstances où l’on veut remercier Dieu de quelque chose. Il a ainsi fait l’objet de très nombreuses créations musicales.